Page:Lavignac - Le Voyage artistique à Bayreuth, éd7.djvu/228

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le repaire du monstre auquel il conserve l’espoir d’arracher son trésor, lorsque arrive, accompagné d’un souffle de tempête, le Voyageur, subitement éclairé par un rayon de lune qui perce la nuée.

L’Alfe, rendu furieux par la présence de son ennemi, éclate en menaces et en injures contre le dieu, qu’il soupçonne de vouloir assister Siegfried dans sa lutte avec le monstre. Mais Wotan, qui est venu pour voir et non pour agir, ayant la ferme volonté de ne protéger en rien le héros dont il a été contraint d’abandonner la race, répond à Alberich que le seul qu’il ait à redouter, c’est Mime. Mime seul désire l’anneau, dont l’adolescent ignore la puissance magique. Wotan, lui, le dédaigne. À l’appui de son dire, il propose au Nibelung l’idée d’avertir le monstre du danger qui le menace et de lui offrir la vie sauve en échange du talisman. Le dragon Fafner, réveillé de son lourd sommeil, se refuse à la proposition qui lui est faite : il ne veut pas se départir de son inutile possession. Le dieu, riant de la déconvenue du nain, s’éloigne au milieu des grondements de l’orage, en lui conseillant de tenter une démarche conciliatrice auprès de son frère Mime.

Le Nibelung, le suivant de son regard haineux, renouvelle ses imprécations, se jure de poursuivre sa conquête et d’écraser un jour la race détestée des dieux. Il se cache dans un creux du rocher ; l’aube commence à poindre.

Scène ii. — Mime et Siegfried arrivent, Siegfried armé de son épée. Il s’assied sous le grand tilleul, son compagnon se place en face de lui et commence à vouloir le terroriser en lui montrant le repaire qui s’ouvre béant à quelques pas d’eux, en lui dépeignant l’horrible monstre, habitant de ce gouffre, qui engloutit dans sa gueule épouvantable ceux qui ont l’imprudence de l’approcher, qui répand sur eux une bave venimeuse consumant la chair