Page:Lavignac - Le Voyage artistique à Bayreuth, éd7.djvu/235

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tonnerre gronde, un océan de feu emplit la scène ; le dieu, se sentant décidément vaincu, cède la place au jeune et impétueux combattant et disparaît dans l’embrasement général.

Siegfried, maintenant tout à sa conquête, sonne une fanfare joyeuse et se précipite au travers des flammes qui envahissent de plus en plus la montagne ; on entend le son du cor qui s’éloigne et indique que le sonneur escalade le rocher ; puis le feu s’apaise, les nuées disparaissent et laissent voir sous un ciel d’azur le rocher où dort Brünnhilde. Le décor est le même qu’au troisième acte de la Walkyrie.

Scène iii. — Siegfried, dont la fanfare a cessé, regarde autour de lui avec étonnement ; il aperçoit un noble coursier qui sommeille à l’ombre des sapins, puis des armes en acier brillant qui reluisent au soleil ; il s’approche, et voit un guerrier armé qui repose, endormi, la tête serrée par un heaume. Il détache doucement le heaume pour mettre plus à l’aise le dormeur. Une magnifique chevelure s’échappe de la coiffure. Siegfried reste stupéfait et en admiration. Il veut maintenant ôter la cuirasse étouffante ; du tranchant de son épée il coupe avec précaution les lanières qui tiennent l’armure : il demeure confondu et troublé en voyant un gracieux corps de femme enveloppé d’un blanc vêtement aux plis harmonieux. Un charme troublant l’envahit soudain, une angoisse mortelle l’étreint, et dans son émoi il évoque le souvenir de sa mère. Est-ce la peur qu’il éprouve enfin ? Était-il réservé à cette adorable créature de la lui faire connaître ?

Pour réveiller la jeune fille, il dépose un long baiser sur ses lèvres ; Brünnhilde ouvre alors les yeux, et ils se contemplent avec ravissement.

La Walkyrie se dresse lentement et adresse un salut