Page:Lavignac - Le Voyage artistique à Bayreuth, éd7.djvu/240

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kyrie, mais les taisant soigneusement, conseille à son frère et à sa sœur, ignorants de ces faits, de consolider leur dynastie par de glorieuses unions : pour Gunther, il veut Brùnnhilde, la vierge qui dort sur un rocher inaccessible, protégée par un océan de flammes ; mais à Gunther n’est pas réservé de franchir l’obstacle redoutable : Siegfried seul peut accomplir l’acte héroïque, Siegfried, le dernier rejeton des Wälsungs, qui a vaincu Fafner et s’est emparé du trésor des Nibelungs.

C’est lui que Hagen destine à la fille des Gibichs. Il cédera facilement l’objet de sa victoire à Gunther si son cœur est asservi aux charmes de Gutrune, et à cela elle pourra aider en faisant boire au héros certain breuvage enchanté qui fera son âme oublieuse des serments passés et le rendra l’esclave de celle qui versera le philtre.

Le frère et la sœur adoptent avec enthousiasme le projet de Hagen et attendent impatiemment celui qui doit réaliser leurs vœux, que ses courses peuvent amener d’un moment à l’autre dans leurs parages.

Scène ii. — Le son du cor se fait entendre dans la direction du Rhin, annonçant justement l’arrivée de Siegfried. Hagen aperçoit le jeune guerrier dirigeant d’une main habile la barque qui le porte avec Grane. Gunther descend sur le rivage pour le recevoir, et Gutrune, après avoir contemplé de loin le héros, se retire dans ses appartements, en proie à une émotion visible. Siegfried débarque avec son coursier et demande aux deux hommes lequel d’eux est Gunther, dont il a entendu vanter la gloire et auquel il vient offrir, à son choix, le combat ou son amitié. Gunther se nomme et répond à son hôte par des serments d’alliance et de fidélité. Hagen, qui a pris soin de Grane et Ta emmené par la bride, revient et interroge Siegfried sur les richesses des Nibe-