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pour lui de cet acte, puisqu’il le rendra maître de l’anneau. Gunther hésite encore en songeant à la douleur de Gutrune. Ce nom éveille toute la haine jalouse de Brünnhilde : cette femme qui a dû, par un charme, lui ravir son époux, il faut qu’elle soit châtiée dans son amour ; et Brünnhilde associe ses instances à celles de Hagen. Siegfried périra donc, Gunther s’y résigne ; la chasse qui doit avoir lieu le jour suivant fournira le prétexte de sa mort : un sanglier l’aura frappé dans un lieu isolé.

Pendant que le noir complot se trame, Siegfried et Gutrune, accompagnés de leur cortège nuptial, paraissent, la tête ornée de fleurs et de feuillages. Ils invitent leurs frère et sœur à les imiter, et tandis que Gunther, prenant la main de Brünnhilde, suit la joyeuse assemblée avec elle, Hagen, resté à l’écart, invoque l’assistance de son père Alberich, l’Alfe haineux, et se jure à lui-même d’être bientôt le possesseur de l’anneau tant convoité.

3me  Acte.

Scène i. — La scène représente un ravissant paysage des bords du Rhin ; les eaux azurées du fleuve, encaissées entre deux rives montagneuses et agrestes, permettent de voir dans leurs flots transparents les Ondines qui prennent leurs ébats. Au premier plan, une sorte de plage occupe le devant du théâtre ; à droite, un sentier monte escarpé, parmi les rochers, et atteint les sommets élevés de la rive.

Woglinde, Wellgunde et Flosshilde, les trois filles du Rhin, tout en évoluant dans l’onde, se lamentent sur la perte de leur or, dont l’éclat pur égayait jadis le fond du fleuve, voué maintenant à l’obscurité et à la tristesse. Si le possesseur du trésor voulait consentir à le leur rendre !…

Justement, le son du cor dans le lointain leur apprend