Page:Lavignac - Le Voyage artistique à Bayreuth, éd7.djvu/255

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l’univers est sans maître ; mais il lui reste un bien précieux entre tous et qu’il doit apprendre à chérir plus que l’or, plus que la gloire et la grandeur : c’est l’amour, qui seul peut sortir victorieux de toutes les épreuves et donner la félicité parfaite.

Brünnhilde reçoit son coursier Grane, que deux jeunes gens lui amènent ; elle lui enlève tous ses harnais, le débride, lui montre le bûcher où repose son maître, puis, s’élançant sur le noble animal, elle bondit avec lui dans les flammes, qui s’élèvent en crépitant et gagnent toute la scène. Le peuple consterné se disperse, puis le bûcher s’écroule en dégageant une épaisse colonne de fumée. Bientôt la nuée se dissipe, et l’on aperçoit les flots du Rhin qui débordent maintenant et montent jusqu’au seuil du palais, amenant les trois Ondines sur leurs eaux.

Hagen, qui a observé toute la dernière scène avec une sombre angoisse, se précipite, poussant un dernier et formidable cri de convoitise, au milieu des flots pour y chercher l’anneau ; mais il se voit saisi et entraîné au fond de l’abîme par Wellgunde et Woglinde, tandis que Flosshilde se montre à la crête des vagues, brandissant joyeuse l’Anneau enfin reconquis !…

Au loin le ciel s’embrase : l’incendie gagne tout l’hor rizon, et les vassaux, muets de stupeur, contemplent le sinistre et saisissant spectacle de l’anéantissement du palais des dieux, qui s’abîme dans l’horreur grandiose d’un océan de feu.

C’est par cet émouvant cataclysme que se termine la quatrième et dernière journée de l’Anneau du Nibelung.

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