Page:Lavignac - Le Voyage artistique à Bayreuth, éd7.djvu/259

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l’esprit du mal et reçut de lui les enseignements maudits de l’art de la magie. Plein de haine alors contre ceux qui l’ont renié comme frère, il a employé son fatal pouvoir à transformer la lande aride en un jardin plein de délices où croissent, moitié fleurs, moitié femmes, des êtres fantastiques d’une beauté irrésistible, déployant leurs séductions pour s’appliquer à perdre ceux des chevaliers du Graal qui sont assez faibles pour tomber dans leurs pièges.

Beaucoup déjà s’étaient laissé entraîner, lorsque Amfortas, le fils du vénérable Titurel, à qui son père affaibli par les ans avait cédé la couronne, Amfortas voulut mettre fin à ces enchantements funestes et descendit lui-même, secondé par l’assistance sacrée, dans le repaire des coupables délices ; mais, hélas ! il ne fut pas plus fort que ceux qui l’avaient précédé, et succomba comme eux. comble de la honte et de la défaite ! son ennemi s’empara de la lance sacrée, la relique précieuse confiée à sa garde, et, la tournant contre son défenseur même, fit au flanc d’Amforlas une profonde blessure, qu’aucun remède ne put jamais cicatriser.

L’infortuné roi regagna cependant le Montsalvat, y rapportant la souillure du péché, avec d’éternels remords, plus cuisants encore que la plaie inguérissable qui saigne à son côté.

Depuis ce temps, la confrérie auguste des chevaliers est plongée dans la tristesse et la honte, chacun d’eux prenant sa part de l’humiliation et des douleurs du roi déchu. Lui-même, cherchant vainement un remède à ses souffrances physiques et morales, les voit s’accroître chaque fois qu’il doit, comme prêtre-roi, célébrer les saints mystères, et chaque fois il en recule l’accomplissement avec effroi. C’est en vain qu’il demande au lac