Page:Lavignac - Le Voyage artistique à Bayreuth, éd7.djvu/274

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

taire sort de sa demeure, attiré par des gémissements plaintifs partant d’un taillis épais. Il s’en approche et découvre le corps inanimé de Kundry, dont le sommeil semble troublé par des rêves pénibles. Depuis combien de temps la malheureuse est-elle parmi ces broussailles ? Il la tire hors du buisson, la porte sur le gazon et s’efforce, par de vigoureuses frictions, de la faire revenir à elle. Elle finit par se ranimer et, regardant aux alentours avec stupeur, fixe longuement l’ermite. Elle répare le désordre de ses vêtements et de ses cheveux ; son aspect est le même, mais pourtant moins farouche, moins sauvage, qu’au temps où elle était la servante des chevaliers. Son teint a pâli, et l’expression de ses yeux s’est faite en quelque sorte plus douce, plus soumise. Elle se met à vaquer, comme par habitude, à des travaux domestiques, sans proférer une parole, au grand étonnement du vieillard, surpris de ne recevoir aucun remerciement pour sa sollicitude. Il lui en fait l’observation ; Kundry répond à ses reproches d’une voix rauque et entrecoupée, et par ce seul mot : « Servir. » Mais, hélas ! plus n’est besoin de son dévouement empressé ! plus de messages à porter au loin ! les serviteurs du Graal restent mornes et sombres dans leur domaine !

Kundry, qui décidément a repris son humble allure de servante des chevaliers, ayant trouvé dans la cabane une cruche vide, est venue la remplir à la source ; de là elle aperçoit du côté de la forêt un nouvel arrivant, qu’elle indique par signes à Gurnemanz.

Un chevalier couvert d’une armure noire, la visière baissée, sort des bois, marchant lentement et d’un pas hésitant ; c’est Parsifal qui erre depuis longtemps à la recherche des chemins du Graal, dont l’avait éloigné la malédiction de l’enchanteresse. Il s’assied, exténué, sur