Page:Lavignac - Le Voyage artistique à Bayreuth, éd7.djvu/277

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des épreuves dangereuses. À Parsifal doivent revenir les titres et les droits de prince et de pontife du Graal. Il en a le sentiment ainsi que Gurnemanz ; aussi demande-t-il au noble serviteur de Dieu de répandre sur sa tête l’eau purificatrice du baptême. Pendant que le vieillard asperge le front penché du néophyte, Kundry, nouvelle Madeleine pieusement agenouillée devant son seigneur, répand sur ses pieds, qu’elle essuie ensuite avec son opulente chevelure, les parfums précieux d’une ampoule dor qu’elle a tirée de son sein. Parsifal, lui prenant l’ampoule des mains, demande alors à Gurnemanz d’achever son œuvre de sanctification et de l’investir de la double auréole de pontife et de roi.

Le vieux chevalier, dont la vie entière a été un long exemple de pureté et d’austérité, est digne d’accomplir ce grand acte : il salue en Parsifal l’élu du Seigneur, le Chaste auquel sa compassion pour les souffrances d’autrui a donné la force d’accomplir l’acte héroïque qui va rendre au Graal sa vigueur et son éclat disparus. Alors, répandant sur sa tête le contenu de l’ampoule d’or, il le fait Prince et Roi du Graal, il le fait Prêtre, appelant sur lui en des paroles solennelles la bénédiction et la grâce du Très-Haut.

À peine investi de ses saintes fonctions, Parsifal, sachant qu’ici même est une pécheresse avide du pardon et qui attend avec anxiété le rachat de son âme, puise avec ses mains, sans être aperçu, de l’eau à la source et prononce sur la tête de Kundry, toujours agenouillée, les paroles rédemptrices qui effaceront les souillures du passé maudit. La pauvre créature, se sentant enfin sous la sauvegarde de La clémence divine, s’incline jusqu’à terre et donne un libre cours à son émotion et à ses larmes.

Reportant alors ses regards sur le radieux paysage