Page:Lavignac - Le Voyage artistique à Bayreuth, éd7.djvu/286

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de physionomie, les mêmes détails qu’à la première lecture, si bien qu’il nous semblera retrouver de vieilles connaissances ou voyager dans un pays déjà parcouru ; mais si, à une nouvelle lecture, nous avons affaire à une édition illustrée, quelle que soit la valeur du dessinateur, nous serons souvent choqués en n’y reconnaissant plus nos mêmes personnages, en y voyant notre paysage idéal autrement interprété que nous ne l’avions conçu.

Donc, lorsque nous sommes vivement frappés par la description d’un caractère, nous y attachons instinctivement une image qui lui reste propre (tout en nous étant personnelle), qui devient pour nous sa synthèse. Nous ne pourrons plus nous le figurer autrement ; la seule pensée du personnage évoquera l’image, qui à son tour et inversement, si elle se présente la première à notre souvenir, ramènera l’idée du personnage avec tous les détails de son caractère, tel que nous l’avons compris primitivement.

Le nom du héros lui-même est indissolublement lié au type sous lequel nous nous le représentons.

Il en est de même d’une localité décrite, d’un intérieur, comme encore d’une action émouvante, un meurtre, un tournoi, une scène de torture, une apparition surnaturelle… Nous nous les figurons une première fois sous l’influence du prestige de l’écrivain, et elles restent ainsi définitivement fixées dans notre esprit.

Cette impression ne s’efface pas avec le temps ; elle peut être modifiée dans ses détails par la réflexion, par la maturité, comme par la lecture d’autres ouvrages dans lesquels les mêmes hommes ou les mêmes faits seront présentés sous un autre aspect, sous un jour nouveau ; mais les grandes lignes subsisteront toujours.

C’est ce dont chacun a pu se rendre compte.

Qu’on admette à présent, ce qui n’est pas difficile, que