Page:Lavignac - Le Voyage artistique à Bayreuth, éd7.djvu/385

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celui-là, dont l’harmonie, d’un charnue exquis, semble étendre sur toute la nature son influence apaisante. Le Veilleur psalmodie sa mélopée moyenâgeuse, constatant le calme de la petite ville, donne dans le lointain un dernier coup de corne ; et alors commence, pour ne finir qu’avec l’acte, une série de scènes désopilantes dans lesquelles la musique prend la part la plus spirituelle, mais inénarrable.

Scène vi. — Beckmesser arrive pour croasser sa Sérénade sous la fenêtre de sa belle ; il accorde cocassement son luth, et Sachs lui coupe la parole avec sa Chanson biblique (p. 367). Il parvient pourtant à chanter, tant bien que mal, et avec force contorsions ; mais le malicieux Sachs scande violemment chacune de ses fautes d’un grand coup de marteau sur sa forme de cordonnier.

La Sérénade elle-même est parfaitement grotesque, aussi bien par sa musique et sa prosodie que par l’absurdité des paroles, un vrai chef-d’œuvre d’ineptie, de bouffonnerie germanique, un peu lourde, un peu grosse, mais bien amusante ; le luth qui l’accompagne est joué dans l’orchestre par un des musiciens-assistants ; c’est une sorte de harpe informe dont les cordes ressemblent à de gros fils de fer ; les sons qui en sortent sont horribles et aussi baroques que la voix du greffier.