Page:Lavignac - Le Voyage artistique à Bayreuth, éd7.djvu/42

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abri sommaire, où s’entasse alors le public parmi les parapluies ruisselants d’eau. Mais Dieu protège sans doute les spectateurs de Bayreulh, car il fait généralement beau, et on peut rester dehors jusqu’au dernier moment.

Pénétrons maintenant dans la salle, avec laquelle nous allons faire connaissance, pendant qu’elle est encore brillamment éclairée.

On y accède de la façon la plus simple : pas de messieurs en habit noir assis derrière un comptoir. Un employé se trouve seulement à chacune des nombreuses entrées, pour s’assurer que vous ne vous trompez pas de porte, et détache le coupon de la représentation du jour. Vous reviendrez ensuite après chaque entr’acte sans que personne s’inquiète de vous.

La salle, que nous décrirons plus loin en détail, donne assez, avant l’ouverture du rideau, l’impression d’une ruche en activité ; chacun s’y agite, plus ou moins excité, causant avec son voisin, échangeant ses impressions, racontant ses précédentes venues dans la cité musicale ; puis on cherche dans les rangs éloignés les amis ou simplement les « figures de connaissance « qu’on sait être à la même série que soi.

Pendant ce temps la galerie réservée aux têtes couronnées, et qu’on appelle « la loge des Princes », se garnit. Voici les places de Mme Wagner qui se meublent à leur tour. Sa silhouette aristocratique se profile sur le fond de la loge ; elle sinstalle avec ses gracieuses filles sur le premier rang, et M. Siegfried Wagner, le vivant portrait de son père, vient les rejoindre quand ses fonctions ne le retiennent pas à l’orchestre ou sur la scène.

Cependant le dernier appel de la fanfare (voyez ch. VI) retentit au dehors ; les rares retardataires entrent enfin. Tout à coup l’obscurité envahit la salle, le calme se fait.