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l’Épée, que l’orchestre répète aussitôt, en lui donnant pour conclusion la phrase solennelle des Adieux de Wotan.

Dix mesures avant la fin, au dernier regard de Wotan sur sa fille endormie, sans que pour cela s’interrompent ni Le Sommeil ni le scintillement des Flammes, gronde sourdement la sinistre menace du Sort ; puis un grand calme se fait, et le rideau se ferme lentement.

SIEGFRIED


1er  Acte.

Prélude. — Si l’on envisage l’ensemble de la « Tétralogie » comme une sorte d’immense symphonie conçue dans des proportions gigantesques, et dont chaque journée constituerait l’un des morceaux, « Siegfried » en apparaît comme le Scherzo, le pétulant Intermezzo.

Tout y est gai, alerte et dispos, comme la jeunesse même du héros ; l’élément comique lui-même y trouve sa place, et intervient fréquemment dans le rôle de Mime. La plupart des motifs nouveaux présentent des rythmes nerveux, allègres, ou sont empreints d’une ardeur juvénile, communicative. C’est là aussi que les musiciens trouveront les harmonies les plus neuves, les plus téméraires si l’on veut, parfois difficiles à expliquer, et les plus amusantes combinaisons des Leit-motifs entre eux C’est une journée de repos et de fraîcheur, dont l’élément tragique est presque exclu, au bénéfice de l’esprit et de la verve, pour reparaître plus poignant le lendemain.

Le Prélude se meut sur des thèmes déjà connus : d’abord La Réflexion, puis L’Amoncellement du trésor, coupé par une brève allusion au Courroux de Wotan, lequel se transforme bientôt en La Servitude, La Forge, Le Cri de