Page:Lavignac - Le Voyage artistique à Bayreuth, éd7.djvu/77

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sentit réconforté et se montra tout disposé aux remaniements qu’on pouvait lui demander et que lui-même trouvait rationnels ; c’est ainsi, notamment, qu’il donna plus d’extension à la scène du Vénusberg.

Quelques semaines avant la première, il avait cru devoir expliquer ses idées sur le drame musical, idées si nouvelles pour le monde dilettante parisien et qu’il avait déjà développées quelques années auparavant dans son article intitulé Opéra et Drame. Il publia donc une longue, explicite et intéressante Lettre sur la musique, qui peut être considérée comme la profession de foi de la théorie wagnérienne[1]. Mais ses adversaires, très montés contre lui et incapables de comprendre la sincérité artistique et la hauteur de vues de cette âme éprise du beau et du vrai, ne voulurent y voir que l’outrecuidance d’un orgueil démesuré.

Est-il besoin de rappeler ici les incidents qui sont encore dans toutes les mémoires : les exigences du directeur qui voulait, pour ses abonnés, un ballet au beau milieu de l’action ; la résistance si logique de l’auteur, et la cabale menée par les membres d’un club influent et quelques journalistes, qui firent tant et si bien que, malgré la sympathie très affichée de l’Empereur et de la Cour, malgré l’intérêt marqué de la plus grande partie du public, l’œuvre sombra à la troisième représentation ?

Combien en est-il, parmi les survivants de cette coterie inintelligente, qui, sans comprendre plus qu’alors le génie du Maître, se pâment maintenant en entendant le duo de Tristan ou le prélude de Parsifal ? Mais à cette époque

  1. Cette lettre, adressée à M. Frédéric Villot, et suivie des quatre poèmes d’opéras : le Vaisseau fantôme, Tannhauser, Lohengrin et Tristan et Iseult, est éditée chez A. Durand et fils, 4, place de la Madeleine.