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son Lohengrin à Vienne, au mois de mai. C’est alors qu’il se mit à écrire le poème et à travailler à la partition des Maîtres Chanteurs, dont il avait jeté le premier essai sur le papier dès 1845, aussitôt après l’achèvement de son Tannhauser, auquel il voulait dès lors faire un pendant comique.

Le poème des Maîtres Chanteurs fut terminé à Paris pendant un court séjour qu’y fit Wagner en 1862, et aussitôt publié par la maison Schott, de Mayence, qui avait déjà traité avec le Maître pour l’Anneau du Nibelung. Mais la musique, dont il s’occupa pourtant dès ce moment, ne fut terminée qu’en 1867.

Toute l’année 1863 fut employée par Wagner à voyager en Allemagne et en Russie et à donner des concerts qui rétablirent un peu l’état de ses finances. La Grande-Duchesse Hélène, qui était une musicienne intelligente et une admiratrice passionnée de ses œuvres, contribua puissamment à son succès en Russie.

À ses programmes figuraient les Symphonies de Beethoven et des fragments des Maîtres Chanteurs et de l’Anneau. Il fit aussi exécuter à Vienne, avec un succès très grand, l’ouverture de Freyschütz telle qu’elle avait été écrite par Weber et telle aussi qu’on ne la donnait jamais. Au retour de son voyage en Russie, Wagner s’était fixé à Penzig, aux environs de Vienne, où il vivait paisiblement entre ses deux domestiques et son chien fidèle. (Wagner de tout temps a passionnément aimé les animaux : « Je suis particulièrement ému, de plus en plus profondément, de nos rapports avec les animaux si odieusement maltraités et torturés par nous ; je suis on ne peut plus heureux de pouvoir, aujourd’hui, m’abandonner sans honte à la forte compassion que j’ai de tout temps éprouvée pour eux, et de n’avoir plus à recourir à des sophismes pour