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  Attraction et Répulsion. 3

pas encore pu parvenir à rapprocher le plus qu’il est possible, les molécules d’aucun corps, & que par conséquent les molécules d’aucun corps ne se touchent dans la Nature ; conclusion très-singulière & à laquelle cependant il est impossible de se refuser.

On conçoit que les molécules des corps étant ainsi continuellement sollicitées par la chaleur à s’écarter les unes des autres, elles n’auroient aucune liaison entr’elles, & qu’il n’y auroit aucun corps solide, si elles n’étoient retenues par une autre force qui tendit à les réunir, & pour ainsi dire à les enchaîner ; & cette force, quelle qu’en soit la cause, a été nommée attraction.

Ainsi les molécules des corps peuvent être considérées comme obéissant à deux forces, l’une répulsive, l’autre attractive, entre lesquelles elles sont en équilibre. Tant que la dernière de ces forces, l’attraction, est victorieuse, le corps demeure dans l’état solide ; si au contraire l’attraction est la plus foible, si la chaleur a tellement écarté les unes des autres les molécules du corps, qu’elles soient hors de la sphère d’activité de leur attraction, elles perdent l’adhérence qu’elles avoient entr’elles & le corps cesse d’être un solide.

L’eau nous présente continuellement un