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PSYCHOLOGIE DES FOULES
térêt qui est, le plus souvent, le mobile exclusif de l’individu isolé. — Rôle moralisateur des foules.


Après avoir indiqué d’une façon très générale les principaux caractères des foules, il nous reste à pénétrer dans le détail de ces caractères.

On remarquera que, parmi les caractères spéciaux des foules, il en est plusieurs, tels que l’impulsivité, l’irritabilité, l’incapacité de raisonner, l’absence de jugement et d’esprit critique, l’exagération des sentiments, et d’autres encore, que l’on observe également chez les êtres appartenant à des formes inférieures d’évolution, tels que la femme, le sauvage et l’enfant ; mais c’est là une analogie que je n’indique qu’en passant. Sa démonstration sortirait du cadre de cet ouvrage. Elle serait inutile, d’ailleurs, pour les personnes au courant de la psychologie des primitifs, et resterait toujours peu convaincante pour celles qui ne la connaissent pas.

J’aborde maintenant l’un après l’autre les divers caractères que l’on peut observer dans la plupart des foules.


§ 1. — IMPULSIVITÉ, MOBILITÉ ET IRRITABILITÉ DES FOULES

La foule, avons-nous dit en étudiant ses caractères fondamentaux, est conduite presque exclusivement par l’inconscient. Ses actes sont beaucoup plus sous l’influence de la moelle épinière que sous celle du cerveau. Elle se rapproche en cela des êtres tout à fait primitifs. Les actes exécutés peuvent être parfaits quant à leur