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III


On a quelque peine à découvrir en quoi ce monde de pure féerie rappelle, à proprement parler, l’ « autre monde »[1]. L’homme de France le plus compétent en la matière, M. d’Arbois de Jubainville, n’hésite pourtant pas à les confondre[2]. C’est une hypothèse à laquelle l’ont conduit, je suppose, les nombreux rapports qu’il a été le premier à signaler entre la légende irlandaise et la légende hellénique. Rapprochant la « plaine agréable » des Gaëls de la « plaine Elusion » des Grecs, il identifie avec les Bienheureux qui peuplent l’une, les sidhe qui peuplent l’autre. Ceux-ci sont, comme ceux-là, des morts. Et ainsi s’expliquent ces dénominations de « jeunes » et de « vivants » qui leur sont attribuées dans les textes, puisque, morts, ils jouissent de la vie sans fin et sont assurés d’une jeunesse éternelle... Rien, dans l’ancienne épopée, n’autorise expressément une pareille interprétation. Il est, toutefois, d’autres traditions qui semblent militer en sa faveur. Tels,


1. Voir sur cette question le remarquable ouvrage de A. Nutt, The happy other worldand the Celtic doctrine of rebirth. London, 1897.

2. Le cycle mythologique irlandais et la mythologie celtique. Paris, 1884.

  1. Voir sur cette question le remarquable ouvrage de A. Nutt, The happy other worldand the Celtic doctrine of rebirth. London, 1897.
  2. Le cycle mythologique irlandais et la mythologie celtique. Paris, 1884.