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LXXIX


L’âme dans un tas de pierres


Si vous avez été au Ménez-Hom, vous avez dû remarquer le « Tas de pierres[1] » {Ar-Bern-Mein). Mais vous ne savez peut-être pas son histoire. Je m’en vais vous la conter.

Autrefois, il y avait en Bretagne un roi très puissant qu’on appelait le roi Marc’h*, parce qu’il était


2. Marc^h, cheval. Ce roi, qui est appelé dans les romans français le roi Marc de Gornouaille et qui dans les Mabinogion et les Triades galloises est March ab Meirchion, compagnon d’Arthur, est devenu le héros d’une légende identique à celle du roi grec Midas. Il faisait mourir tous ses barbiers de crainte qu’ils ne racontassent qu’il avait des oreilles de cheval. L’un de ceux-ci qui avait été épargné après avoir juré de ne pas dire ce qu’il avait vu, raconta ce secret, trop lourd à garder, aux sables du rivage. De ces sables sortirent trois roseaux qui, transformés en flûtes . répétèrent : «le roi Marc’h a des oreilles de cheval ». En Bretagne, on trouve cette légende près de Douarnenez (Gambry, Voyage dans le Finistère, t. II, p. 287). En Galles, elle a été signalée dans Y Brytkon, 1860, p. 431 (Gf. Rhys, Celtic Folklore, p. 233-234). En Irlande, la même légende est racontée du roi Labraid Lorc (Revue celtique, t. II, p. 197-199 ; Kennedy, Legendary fictions, p. 219-224 ; G. Dottin, Contes et légendes d’Irlande, p. 201-202).

  1. Ce « tas de pierres » est une espèce de cairn situé entre les deux principaux sommets du Ménez-hom,au pied de la partie de la montagne qui est connue sous le nom de Menez Kelc’h, et non loin d’une ancienne voie romaine qui se dirigeait sans doute sur Crozon.