Page:Le Braz - La légende de la mort chez les Bretons vol 2 1902.djvu/276

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— Hélas ! regarde-moi, je ne suis plus que quelques éclaboussures sur les marches du seuil 1.

Le grand vent tomba aussitôt. Fanta Lezoualc*h entendit la voix furieuse qui s’éloignait en grommelant :

— La « mauvaise pièce » ! Elle peut se féliciter d’avoir trouvé plus savant qu’elle pour lui faire la leçon 2 !

(Conté par Créac’h. — Plougastel-Daoulas, octobre 1890.)

1. Dans un conte irlandais, un revenant ne peut commettre ses méfaits dans les maisons où il y a de l’eau propre ; il entre dans une maison où l’on n’a pas eu la précaution de jeter au dehors l’eau sale (Curtin, Tales of the fairies, p. 179). Il semble que les revenants soient comme les fées, qui ont horreur du désordre et de la saleté (Curtin, p. 179 ; Folklore, t. VII, p. 166,171).

Dans un conte recueilli par Kennedy, Legendary fictions of the Irish Celts, p. 146-147, on trouve un épisode analogue où figure l’eau des pieds, la corde du rouet, le balai, le charbon de tourbe. On peut y comparer le moyen employé en Connaught pour éloigner les fées et qui consiste à mettre le balai à sa place derrière la porte, à couvrir le feu, et à jeter sur le fumier l’eau des pieds (J. Cooke, Notes on Irish folklore from Connaught ; Folklore, t. VII, p. 299). En Ecosse, on enlève la corde du rouet pour empêcher les fées de filer pendant la nuit (W, Gregor, Revue des traditions populaires, t. IX, p. 634),

2. Cf. E. Souvestre : Le Foyer breton (1845), p. 69 ; Le Men, Revue celtique, t. I, p. 421. Le Men raconte que ces femmes de nuit sont « des lavandières, qui pendant leur vie, ont, par négligence ou par avarice, gâté le linge ou les vêtements de pauvres gens, qui avaient à peine de quoi se vêtir, en les frottant avec des pierres pour économiser leur savon. » E. Souvestre, comme Le Men, parle des lavandières de nuit, comme d’âmes pécheresses qui lavent ainsi la nuit des linges mystérieux en châtiment de leurs