Page:Le Braz - La légende de la mort chez les Bretons vol 2 1902.djvu/318

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' Le marquis de Pont-Lez

Le marquis de Pont-Lez, en Quéménéven, avait été pendant sa vie le plus fantasque et le plus violent des hommes. On raconte de lui des inventions abominables, comme,par exemple, le jour où, ayant entendu le tailleur qu'il employait se plaindre qu'il n'y eut pas assez de beurre dans la bouillie, il l'y fit planter tout nu, la tête la première, puis ordonna do lui mettre le beurre à fondre dans un endroit que, sauf votre respect, je ne puis nommer... Il mourut pourtant, et ce fut un grand soulagement dans le pays. Mais on ne tarda pas à s'apercevoir que la mort même n'avait pas eu raison de sa malice^ car il ne cessa de revenir, la nuit, chercher noise à ses gens et à ses fermiers. Force fut de le réduire par les moyens magiques : on alla donc trouver le recteur de Quéménéven, qui était alors M.Coatmen, prêtre réputé pour sa science des choses de la sorcellerie.

— C'est bien, répondit-il. L'affaire sera chaude {Tomm vo an traoïi)^ mais je m'en charge.

Il passa, dit-on, sept nuits consécutives à batailler avec le mort, ef^ quand il entra le dimanche matin à l'église, pour dire sa messe, sa soutane n'était plus qu'un haillon et son corps, de gras qu'il était, était devenu mince comme un manche de fléau.