Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 2, 1908.djvu/324

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bility, à quoi tiennent tant les Gallois d’aujourd’hui. Mais il est toujours d’usage parmi eux que les invités attendent les nouveaux mariés près de leur maison pour les cribler au passage d’une grêle de riz sec.

Et c’est à peu près tout ce qui subsiste des anciennes mœurs galloises. Abolies les luttes si fort en honneur jadis chez ce peuple, comme chez nos Bretons de France. Abolis les arddangos ou jeux scéniques qui, sur les garennes de la principauté et les parvis des églises, déployaient une pompe inconnue du théâtre armoricain. Abolie la coutume du Mary-Lewyd, la promenade nocturne du fantôme à tête de cheval, le soir des Rois[1].

En somme, toute la poésie du peuple gallois s’est réfugiée dans ses chants. C’est la musique qui fut vraiment en Galles l’ange gardien de l’âme traditionnelle et populaire. Nous en eûmes un nouveau témoignage le soir même. Nos breaks nous avaient ramenés à Llanover, et, après le dîner, nous causions par petits groupes dans le hall, quand un chœur de voix fraîches

  1. « Le jour des Rois, dit M. Erny, les jeunes gens se procuraient le squelette d’une tête de cheval et l’ornaient de rosettes de soie et de rubans de toutes couleurs. Dans le creux des yeux on mettait deux bouteilles cassées, et dans chacune une petite lanterne. Le soir des Rois, appelé en Galles la nuit de Mary-Lewyd, un garçon mettait sa tête dans ce squelette, se couvrait d’un drap blanc et promenait cette espèce de fantôme de maison en maison en faisant la quête. Trois jeunes gens accoutrés d’une manière fantastique exécutaient derrière le spectre une danse particulière et chantaient en partant un air qu’on appelait le chant de Mary-Lewyd. »