Page:Le Grand Meaulnes.djvu/219

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tranquillement avec Marie-Louise et Firmin, que je la vis pour la première fois…


Dès le soir de mon arrivée au Vieux-Nançay, j’avais interrogé mon oncle Florentin sur le domaine des Sablonnières.

— Ce n’est plus un domaine, avait-il dit. On a tout vendu, et les acquéreurs, des chasseurs, ont fait abattre les vieux bâtiments pour agrandir leurs terrains de chasse ; la cour d’honneur n’est plus maintenant qu’une lande de bruyères et d’ajoncs. Les anciens possesseurs n’ont gardé qu’une petite maison d’un étage et la ferme. Tu auras bien l’occasion de voir ici Mlle de Galais ; c’est elle-même qui vient faire ses provisions, tantôt en selle, tantôt en voiture, mais toujours avec le même cheval, le vieux Bélisaire… C’est un drôle d’équipage !

J’étais si troublé que je ne savais plus quelle question poser pour en apprendre davantage.

— Ils étaient riches, pourtant ?

— Oui. M. de Galais donnait des fêtes pour amuser son fils, un garçon étrange, plein d’idées extraordinaires. Pour le distraire, il imaginait ce qu’il pouvait. On faisait venir des Parisiennes… des gars de Paris et d’ailleurs…

» Toutes les Sablonnières étaient en ruine, Mme de Galais près de sa fin, qu’ils cherchaient encore à l’amuser et lui passaient toutes ses fantaisies. C’est l’hiver dernier — non, l’autre hiver, qu’ils ont fait leur plus grande fête cos-