Page:Le Grand Meaulnes.djvu/274

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dans le grand vent d’hiver, deux amants enfermés avec le bonheur.


— Le feu menace de s’éteindre, dit Mlle de Galais, et elle voulut prendre une bûche dans le coffre.

Mais Meaulnes se précipita et plaça lui-même le bois dans le feu.

Puis il prit la main tendue de la jeune fille et ils restèrent là, debout, l’un devant l’autre, étouffés comme par une grande nouvelle qui ne pouvait pas se dire.

Le vent roulait avec le bruit d’une rivière débordée. De temps à autre une goutte d’eau, diagonalement, comme sur la portière d’un train, rayait la vitre.

Alors la jeune fille s’échappa. Elle ouvrit la porte du couloir et disparut avec un sourire mystérieux. Un instant, dans la demi-obscurité, Augustin resta seul… Le tic tac d’une petite pendule faisait penser à la salle à manger de Sainte-Agathe… Il songea sans doute : « C’est donc ici la maison tant cherchée, le couloir jadis plein de chuchotements et de passages étranges… »

C’est à ce moment qu’il dut entendre — Mlle de Galais me dit plus tard l’avoir entendu aussi — le premier cri de Frantz, tout près de la maison.

La jeune femme, alors, eut beau lui montrer les choses merveilleuses dont elle était