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II

UN SUICIDE



O pauvre oiseau blessé, mis à mort par la vie !
Cœur qui battais trop fort, cœur trop doux et trop fier,
Te voilà replié sous ton aile engourdie
Et tu ne sais plus rien des souffrances d’hier.

Quoi ! la rigidité ! Quoi ! la paix immobile !
Quoi ! le combat cessé ! Quoi ! la trêve de Dieu !
O lutteur désarmé de ta force inutile
Et qui te réservais ton dernier coup de feu !

Qu’attendais-tu du monde et que voulait ton âme ?
Que te disait ta fièvre et qu’as-tu donc cru voir
Pour t’être enveloppée en ton secret de femme ?
Silence, larmes, sang, pourpre du désespoir !

Qu’attendais-tu du monde en ton rude courage ?
Quels soleils autrefois t’étaient donc apparus ?
O vous tous qui passez, qu’aucun mépris n’outrage
Ce sanglot ignoré qui ne tressaille plus !