Page:Le Parnasse contemporain, III.djvu/58

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Laisse mes doigts brûlants rouler tes boucles blondes,
Mes lèvres s’appuyer sur tes yeux palpitants,
Et dis-moi le secret de ces peines profondes
Qui te faisaient souffrir par ce soir de printemps.

Quand sur le lit drapé de rideaux de dentelle
Tes rêves torturaient ton visage endormi,
Tandis que j’adorais ta tête ardente et belle
Que la pâle veilleuse éclairait à demi.




LA RÉVOLTE


La campagne était fraîche et tout ensoleillée ;
Le souffle du matin passait les blés verts,
Et je marchais dans l’herbe odorante et mouillée
En récitant des vers.

J’étais gai, bien portant, et libre au fond de l’âme ;
J’avais enfin dompté mon douloureux amour,
Et nul amer regret, nul souvenir de femme
Ne troublait ce beau jour.

J’ouvrais à pleins poumons ma poitrine profonde
Aux vents qui se roulaient sur les arbres en fleur,
Et je sentais aussi la jeunesse du monde
Refleurir dans mon cœur.