Page:Le Roman de Tristan et Iseut, renouvelé par J. Bédier.djvu/148

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Iseut se releva ; ils se prirent par les mains. Ils entrèrent dans les hautes herbes et les bruyères ; les arbres refermèrent sur eux leurs branchages ; ils disparurent derrière les frondaisons.


Écoutez, seigneurs, une belle aventure. Tristan avait nourri un chien, un brachet, beau, vif, léger à la course : ni comte, ni roi n’a son pareil pour la chasse à l’arc. On l’appelait Husdent. Il avait fallu l’enfermer dans le donjon, entravé par un billot suspendu à son cou ; depuis le jour où il avait cessé de voir son maître, il refusait toute pitance, grattait la terre du pied, pleurait des yeux, hurlait. Plusieurs en eurent compassion.

« Husdent, disaient-ils, nulle bête n’a su si bien aimer que toi ; oui, Salomon a dit sagement : « Mon ami vrai, c’est mon lévrier.»

Et le roi Marc, se rappelant les jours passés, songeait en son cœur : « Ce chien montre grand sens à pleurer ainsi son