Page:Le Roman de Tristan et Iseut, renouvelé par J. Bédier.djvu/149

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seigneur : car y a-t-il personne par toute la Cornouailles qui vaille Tristan ? »

Trois barons vinrent au roi :

« Sire, faites délier Husdent ; nous saurons bien s’il mène tel deuil par regret de son maître ; si non, vous le verrez, à peine détaché, la gueule ouverte, la langue au vent, poursuivre, pour les mordre, gens et bêtes. »

On le délie. Il bondit par la porte et court à la chambre où naguère il trouvait Tristan. Il gronde, gémit, cherche, découvre enfin la trace de son seigneur. Il parcourt pas à pas la route que Tristan avait suivie vers le bûcher. Chacun le suit. Il jappe clair et grimpe vers la falaise. Le voici dans la chapelle, et qui bondit sur l’autel ; soudain il se jette par la verrière, tombe au pied du rocher, reprend la piste sur la grève, s’arrête un instant dans le bois fleuri où Tristan s’était embusqué, puis repart vers la forêt. Nul ne le voit qui n’en ait pitié.

« Beau roi, dirent alors les chevaliers,