Page:Le Roman de Tristan et Iseut, renouvelé par J. Bédier.djvu/151

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venu chercher la mort. Il faut nous garder, pourtant. Que faire ? Conseillez-moi. »

Iseut flatta Husdent de la main et dit :

« Sire, épargnez-le ! J’ai ouï parler d’un forestier gallois qui avait habitué son chien à suivre, sans aboyer, la trace de sang des cerfs blessés. Ami Tristan, quelle joie si on réussissait, en y mettant sa peine, à dresser ainsi Husdent ! »

Il y songea un instant, tandis que le chien léchait les mains d’Iseut. Tristan eut pitié et dit :

« Je veux essayer ; il m’est trop dur de le tuer. »

Bientôt Tristan se met en chasse, déloge un daim, le blesse d’une flèche. Le brachet veut s’élancer sur la voie du daim, et crie si haut que le bois en résonne. Tristan le fait taire en le frappant ; Husdent lève la tête vers son maître, s’étonne, n’ose plus crier, abandonne la trace ; Tristan le met sous lui, puis bat sa botte de sa baguette de châtaignier, comme font les veneurs pour exciter les chiens ; à ce signal, Hus-