Page:Le Roman de Tristan et Iseut, renouvelé par J. Bédier.djvu/161

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

doigts étaient si grêles que la bague vint sans effort : à la place, le roi mit l’anneau dont Iseut, jadis, lui avait fait présent. Puis il enleva l’épée qui séparait les amants, celle-là même — il la reconnut — qui s’était ébréchée dans le crâne du Morholt, posa la sienne à la place, sortit de la loge, sauta en selle, et dit au forestier :

« Fuis maintenant, et sauve ton corps, si tu peux ! »

Or, Iseut eut une vision dans son sommeil : elle était sous une riche tente, au milieu d’un grand bois. Deux lions s’élançaient sur elle et se battaient pour l’avoir… Elle jeta un cri et s’éveilla : les gants parés d’hermine blanche tombèrent sur son sein. Au cri, Tristan se dressa en pieds, voulut ramasser son épée et reconnut, à sa garde d’or, celle du roi. Et la reine vit à son doigt l’anneau de Marc. Elle s’écria :

« Sire, malheur à nous ! Le roi nous a surpris !

— Oui, dit Tristan, il a emporté mon épée ; il était seul, il a pris peur, il est allé