Page:Le Roman de Tristan et Iseut, renouvelé par J. Bédier.djvu/163

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X

L’ERMITE OGRIN


Aspre vie meinent et dure :
Tant s’entraiment de bone amor
L’uns por l’autre ne sent dolor.

(Béroul.)


À trois jours de là, comme Tristan avait longuement suivi les erres d’un cerf blessé, la nuit tomba, et sous le bois obscur il se prit à songer :

« Non, ce n’est point par crainte que le roi nous a épargnés. Il avait pris mon épée, je dormais, j’étais en sa merci, il pouvait frapper ; à quoi bon du renfort ? Et, s’il voulait me prendre vif, pourquoi, m’ayant désarmé, m’aurait-il laissé sa propre épée ? Ah ! je t’ai reconnu, père : non par peur, mais par tendresse et par pitié, tu as voulu