Page:Le Roman de Tristan et Iseut, renouvelé par J. Bédier.djvu/177

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Il ajouta :

Vous direz encore que je leur envoie à tous deux salut et amour. »

Vers la mi-nuit, Tristan traversa la Blanche-Lande, trouva le bref et l’apporta scellé à l’ermite Ogrin. L’ermite lui lut les lettres : Marc consentait, sur le conseil de tous ses barons, à reprendre Iseut, mais non à garder Tristan comme soudoyer ; pour Tristan, il lui faudrait passer la mer, quand, à trois jours de là, au Gué Aventureux, il aurait remis la reine entre les mains de Marc.

« Dieu ! dit Tristan, quel deuil de vous perdre, amie ! Il le faut, pourtant, puisque la souffrance que vous supportiez à cause de moi, je puis maintenant vous l’épargner. Quand viendra l’instant de nous séparer, je vous donnerai un présent, gage de mon amour. Du pays inconnu où je vais, je vous enverrai un messager ; il me redira votre désir, amie, et, au premier appel, de la terre lointaine, j’accourrai. »

Iseut soupira et dit :