Page:Le Roman de Tristan et Iseut, renouvelé par J. Bédier.djvu/180

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sonbâton, dans le bois. Ainsi Dieu, qui hait toute démesure, vengera les amants de leurs ennemis !

Au jour marqué pour l’assemblée, au Gué Aventureux, la prairie brillait au loin, toute tendue et parée des riches tentes des barons. Dans la forêt, Tristan chevauchait avec Iseut, et, par crainte d’une embûche, il avait revêtu son haubert sous ses haillons. Soudain, tous deux apparurent au seuil de la forêt et virent au loin, parmi les barons, le roi Marc.

« Amie, dit Tristan, voici le roi votre seigneur, ses chevaliers et ses soudoyers ; ils viennent vers nous ; dans un instant nous ne pourrons plus nous parler. Par le Dieu puissant et glorieux, je vous conjure : si jamais je vous adresse un message, faites ce que je vous manderai !

— Ami Tristan, dès que j’aurai revu l’anneau de jaspe vert, ni tour, ni mur, ni fort château ne m’empêcheront de faire la volonté de mon ami.

— Iseut, que Dieu t’en sache gré ! »