Page:Le Roman de Tristan et Iseut, renouvelé par J. Bédier.djvu/188

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ment de Dieu. Que lui en coûtera-t-il, innocente, de jurer sur les ossements des saints qu’elle n’a jamais failli ? innocente, de saisir un fer rougi au feu ? Ainsi le veut la coutume, et par cette facile épreuve seront à jamais dissipés les soupçons anciens. »

Marc irrité répondit :

« Que Dieu vous détruise, seigneurs cornouaillais, vous qui sans répit cherchez ma honte ! Pour vous j’ai chassé mon neveu ; qu’exigez-vous encore ? que je chasse la reine en Irlande ? Quels sont vos griefs nouveaux ? Contre les anciens griefs, Tristan ne s’est-il pas offert à la défendre ? Pour la justifier, il vous a présenté la bataille et vous l’entendiez tous : que n’avez-vous pris contre lui vos écus et vos lances ? Seigneurs, vous m’avez requis outre le droit ; craignez donc que l’homme pour vous chassé, je le rappelle ici ! »

Alors les couards tremblèrent ; ils crurent voir Tristan revenu, qui saignait à blanc leurs corps.