Page:Le Roman de Tristan et Iseut, renouvelé par J. Bédier.djvu/205

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Le lendemain, dans la nuit encore obscure, Tristan, quittant la cabane d’Orri le forestier, rampa vers le château sous les épais fourrés d’épines. Comme il sortait d’un hallier, il regarda par la clairière et vit Gondoïne qui s’en venait de son manoir. Tristan se rejeta dans les épines et se tapit en embuscade :

« Ah ! Dieu ! fais que celui qui s’avance là-bas ne m’aperçoive pas avant l’instant favorable ! »

L’épée au poing, il l’attendait ; mais, par aventure, Gondoïne prit une autre voie et s’éloigna. Tristan sortit du hallier, déçu, banda son arc, visa ; hélas ! l’homme était déjà hors de portée.

À cet instant, voici venir au loin, descendant doucement le sentier, à l’amble d’un petit palefroi noir, Denoalen, suivi de deux grands lévriers. Tristan le guetta, caché derrière un pommier. Il le vit qui excitait ses chiens à lever un sanglier dans un taillis. Mais avant que les lévriers l’aient délogé de sa bauge, leur maître aura