Page:Le Roman de Tristan et Iseut, renouvelé par J. Bédier.djvu/207

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tenait encore le peigne dont elle venait de peigner la reine aux cheveux d’or.

Mais Iseut entra, puis Tristan. Il portait d’une main son arc d’aubier et deux flèches ; dans l’autre il tenait deux longues tresses d’homme.

Il laissa tomber sa chape, et son beau corps apparut. Iseut la Blonde s’inclina pour le saluer, et comme elle se redressait, levant la tête vers lui, elle vit, projetée sur la tenture, l’ombre de la tête de Gondoïne. Tristan lui disait.

« Vois-tu ces belles tresses ? Ce sont celles de Denoalen. Je t’ai vengée de lui. Jamais plus il n’achètera ni ne vendra écu ni lance !

— C’est bien, seigneur ; mais tendez cet arc, je vous prie ; je voudrais voir s’il est commode à bander. »

Tristan le tendit, étonné, comprenant à demi. Iseut prit l’une des deux flèches, l’encocha, regarda si la corde était bonne, et dit à voix basse et rapide :

« Je vois chose qui me déplaît. Vise bien, Tristan ! »