Page:Le Roman de Tristan et Iseut, renouvelé par J. Bédier.djvu/225

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’ils se jurèrent amitié et compagnonnage. Jamais ils ne faussèrent cette parole, comme l’histoire vous l’apprendra.

Or, tandis qu’ils revenaient de ces chevauchées, parlant de chevalerie et de courtoisie, souvent Kaherdin louait à son cher compagnon sa sœur Iseut aux Blanches Mains, la simple, la belle.


Un matin, comme l’aube venait de poindre, un guetteur descendit en hâte de sa tour, et courut par les salles, en criant :

« Seigneurs, vous avez trop dormi ! Levez-vous, Riol vient faire l’assaillie ! »

Chevaliers et bourgeois s’armèrent et coururent aux murailles : ils virent dans la plaine briller les heaumes, flotter les pennons de cendal, et tout l’ost de Riol qui s’avançait en bel arroi. Le duc Hoël et Kaherdin déployèrent aussitôt devant les portes les premières batailles de chevaliers. Arrivés à la portée d’un arc, ils brochèrent les chevaux, lances baissées, et les flèches tombaient sur eux comme pluie d’avril.