Page:Le Roman de Tristan et Iseut, renouvelé par J. Bédier.djvu/234

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genou. Elle jeta un cri léger, et d’un coup d’éperon enleva son cheval en riant d’un rire si haut et si clair que Kaherdin, poignant après elle et l’ayant rejointe, lui demanda :

« Belle sœur, pourquoi riez-vous ?

— Pour un penser qui me vint, beau frère. Quand cette eau a jailli vers moi, je lui ai dit : « Eau, tu es plus hardie que ne fut jamais le hardi Tristan ! » C’est de quoi j’ai ri. Mais déjà j’ai trop parlé, frère, et m’en repens. »

Kaherdin, étonné, la pressa si vivement qu’elle lui dit enfin la vérité de ses noces.

Alors Tristan les rejoignit, et tous trois chevauchèrent en silence jusqu’à la maison de chasse. Là Kaherdin appela Tristan à parlement, et lui dit :

« Sire Tristan, ma sœur m’a avoué la vérité de ses noces. Je vous tenais à pair et à compagnon. Mais vous avez faussé votre foi et honni ma parenté. Désormais, si vous ne me faites droit, sachez que je vous défie. »