Page:Le Roman de Tristan et Iseut, renouvelé par J. Bédier.djvu/249

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jouie de vos chansons, je vous prends à louage. Tandis que mon seigneur Marc chevauchera jusqu’à la Blanche-Lande, je veux séjourner dans mon château de Saint-Lubin. Oiseaux, faites-moi cortège jusque-là ; ce soir, je vous récompenserai richement, comme de bons ménestrels. »

Tristan retint ses paroles et se réjouit. Mais déjà Andret le Félon s’inquiétait. Il remit la reine en selle, et le cortège s’éloigna.


Or, écoutez une male aventure. Dans le temps où passait le cortège royal, là-bas, sur l’autre route où Gorvenal et l’écuyer de Kaherdin gardaient les chevaux de leurs seigneurs, survint un chevalier en armes, nommé Bleheri. Il reconnut de loin Gorvenal et l’écu de Tristan : « Qu’ai-je vu ? pensa-t-il ; c’est Gorvenal et cet autre est Tristan lui-même. » Il éperonna son cheval vers eux et cria : « Tristan ! » Mais déjà les deux écuyers avaient tourné bride et fuyaient. Bleheri, lancé à leur poursuite, répétait :