Page:Le Roman de Tristan et Iseut, renouvelé par J. Bédier.djvu/250

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« Tristan ! arrête, je t’en conjure par ta prouesse ! »

Mais les écuyers ne se retournèrent pas. Alors Bleheri cria :

« Tristan ! arrête, je t’en conjure par le nom d’Iseut la Blonde ! »

Trois fois il conjura les fuyards par le nom d’Iseut la Blonde. Vainement : ils disparurent, et Bleheri ne put atteindre qu’un de leurs chevaux, qu’il emmena comme sa capture. Il parvint au château de Saint-Lubin au moment où la reine venait de s’y héberger. Et, l’ayant trouvée seule, il lui dit :

« Reine, Tristan est dans ce pays. Je l’ai vu sur la route abandonnée qui vient de Tintagel. Il a pris la fuite. Trois fois je lui ai crié de s’arrêter, le conjurant au nom d’Iseut la Blonde ; mais il avait pris peur, il n’a pas osé m’attendre.

— Beau sire, vous dites mensonge et folie : comment Tristan serait-il en ce pays ? Comment aurait-il fui devant vous ? Comment ne se serait-il pas arrêté, conjuré par mon nom ?