Page:Le Roman de Tristan et Iseut, renouvelé par J. Bédier.djvu/255

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Les valets le repoussent, le frappent. Il leur résiste et s’écrie :

« Reine, ayez pitié ! »

Alors Iseut éclata de rire. Son rire sonnait encore quand elle entra dans l’église. Quand il l’entendit rire, le lépreux s’en alla. La reine fit quelques pas dans la nef du moutier ; puis, ses membres fléchirent ; elle tomba sur les genoux, la tête contre le sol, les bras en croix.

Le même jour, Tristan prit congé de Dinas, à tel déconfort qu’il semblait avoir perdu le sens, et sa nef appareilla pour la Bretagne.

Hélas ! bientôt la reine se repentit. Quand elle sut par Dinas de Lidan que Tristan était parti à tel deuil, elle se prit à croire que Perinis lui avait dit la vérité ; que Tristan n’avait pas fui, conjuré par son nom ; qu’elle l’avait chassé à grand tort. « Quoi ! pensait-elle, je vous ai chassé, vous, Tristan, ami ! Vous me haïssez désormais, et jamais je ne vous reverrai. Jamais vous n’apprendrez seulement mon repentir, ni quel châtiment