Page:Le Roman de Tristan et Iseut, renouvelé par J. Bédier.djvu/259

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sur la mer, bien clos de toutes parts : on n’y pouvait entrer que par une seule porte de fer, et deux prud’hommes la gardaient jour et nuit. Comment y pénétrer ?

Tristan descendit de la nef et s’assit sur le rivage. Il apprit d’un homme qui passait que Marc était au château et qu’il venait d’y tenir une grande cour.

« Mais où est la reine ? et Brangien, sa belle servante ?

— Elles sont aussi à Tintagel, et récemment je les ai vues : la reine Iseut semblait triste, comme à son ordinaire. »

Au nom d’Iseut, Tristan soupira et songea que, ni par ruse, ni par prouesse, il ne réussirait à revoir son amie : car le roi Marc le tuerait…

« Mais qu’importe qu’il me tue ? Iseut, ne dois-je pas mourir pour l’amour de vous ? Et que fais-je chaque jour, sinon mourir ? Mais vous pourtant, Iseut, si vous me saviez ici, daigneriez-vous seulement parler à votre ami ? ne me feriez-vous pas chasser par vos sergents ? Oui, je veux