Page:Le Roman de Tristan et Iseut, renouvelé par J. Bédier.djvu/262

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sur son passage, le pourchassant comme un loup :

« Voyez le fol ! hu ! hu ! et hu ! »

Ils lui lancent des pierres, l’assaillent de leurs bâtons ; mais il leur tient tête en gambadant et se laisse faire : si on l’attaque à sa gauche, il se retourne et frappe à sa droite.

Au milieu des rires et des huées, traînant après lui la foule ameutée, il parvint au seuil de la porte où, sous le dais, aux côtés de la reine, le roi Marc était assis. Il approcha de la porte, pendit la massue à son cou, et entra. Le roi le vit, et dit :

« Voilà un beau compagnon ; faites-le approcher. »

On l’amène, la massue au cou :

« Ami, soyez le bienvenu ! »

Tristan répondit, de sa voix étrangement contrefaite :

« Sire, bon et noble entre tous les rois, je le savais, qu’à votre vue mon cœur se fondrait de tendresse. Dieu vous protège, beau sire !

— Ami, qu’êtes-vous venu quérir céans ?