Page:Le Roman de Tristan et Iseut, renouvelé par J. Bédier.djvu/263

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— Iseut, que j’ai tant aimée. J’ai une sœur que je vous amène, la très belle Brunehaut. La reine vous ennuie, essayez de celle-ci : faisons l’échange, je vous donne ma sœur, baillez-moi Iseut ; je la prendrai et vous servirai par amour. »

Le roi s’en rit et dit au fou :

« Si je te donne la reine, qu’en voudras-tu faire ? Où l’emmèneras-tu ?

— Là-haut, entre le ciel et la nue, dans ma belle maison de verre. Le soleil la traverse de ses rayons, les vents ne peuvent l’ébranler ; j’y porterai la reine en une chambre de cristal, toute fleurie de roses, toute lumineuse au matin quand le soleil la frappe. »

Le roi et ses barons se dirent entre eux :

« Voilà un bon fou, habile en paroles ! »

Il s’était assis sur un tapis et regardait tendrement Iseut.

« Ami, lui dit Marc, d’où te vient l’espoir que ma dame prendra garde à un fou hideux comme toi ?

— Sire, j’y ai bien droit ; j’ai accompli