Page:Le Roman de Tristan et Iseut, renouvelé par J. Bédier.djvu/264

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pour elle maint travail, et c’est par elle que je suis devenu fou.

— Qui donc es-tu ?

— Je suis Tristan, celui qui a tant aimé la reine, et qui l’aimera jusqu’à la mort. »

À ce nom, Iseut soupira, changea de couleur, et courroucée lui dit :

« Va-t’en ! Qui t’a fait entrer céans ? Va-t’en, mauvais fou ! »

Le fou remarqua sa colère et dit :

« Reine Iseut, ne vous souvient-il pas du jour où, navré par l’épée empoisonnée du Morholt, emportant ma harpe sur la mer, j’ai été poussé vers vos rivages ? Vous m’avez guéri. Ne vous en souvient-il plus, reine ? »

Iseut répondit :

« Va-t’en d’ici, fou, ni tes jeux ne me plaisent, ni toi. »

Aussitôt le fou se retourna vers les barons, les chassa vers la porte en criant :

« Folles gens, hors d’ici ! Laissez-moi seul tenir conseil avec Iseut ; car je suis venu céans pour l’aimer. »

Le roi s’en rit, Iseut rougit :