Page:Le Roman de Tristan et Iseut, renouvelé par J. Bédier.djvu/283

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la paroi, Iseut aux Blanches Mains avait entendu chaque parole. Elle avait tant aimé Tristan !… elle connaissait enfin son amour pour une autre. Elle retint les choses entendues ; si elle le peut un jour, comme elle se vengera sur ce qu’elle aime le plus au monde ! Pourtant, elle n’en fit nul semblant, et dès qu’on ouvrit les portes, elle entra dans la chambre de Tristan, et, cachant son courroux, continua de le servir et de lui faire belle chère, ainsi qu’il sied à une amante. Elle lui parlait doucement, le baisait sur les lèvres, et lui demandait si Kaherdin reviendrait bientôt avec le médecin qui devait le guérir… Mais toujours elle cherchait sa vengeance.


Kaherdin ne cessa de naviguer, tant qu’il jeta l’ancre dans le port de Tintagel. Il prit sur son poing un grand autour, il prit un drap de couleur rare, une coupe bien ciselée : il en fit présent au roi Marc et lui demanda courtoisement sa sauvegarde et sa paix, afin qu’il pût trafiquer