Page:Le Roman de Tristan et Iseut, renouvelé par J. Bédier.djvu/292

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

souffrants. C’est le pire désastre qui soit jamais tombé sur ce pays. »

Iseut l’entend, elle ne peut dire une parole. Elle monte vers le palais. Elle suit la rue, sa guimpe déliée. Les Bretons s’émerveillaient à la regarder ; jamais ils n’avaient vu femme d’une telle beauté. Qui est-elle ? d’où vient-elle ?

Auprès de Tristan, Iseut aux Blanches Mains, affolée par le mal qu’elle avait causé, poussait de grands cris sur le cadavre. L’autre Iseut entra et lui dit :

« Dame, relevez-vous et laissez-moi approcher. J’ai plus de droits à le pleurer que vous, croyez-m’en. Je l’ai plus aimé. »

Elle se tourna vers l’orient et pria Dieu. Puis elle découvrit un peu le corps, s’étendit près de lui, tout le long de son ami, lui baisa la bouche et la face, et le serra étroitement : corps contre corps, bouche contre bouche, elle rend ainsi son âme, elle mourut auprès de lui pour la douleur de son ami.