Page:Le Roman de Tristan et Iseut, renouvelé par J. Bédier.djvu/38

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Tristan se mit à genoux et dépouilla le cerf avant de le défaire ; puis il dépeça la tête en laissant, comme il convient, l’os corbin tout franc ; puis il leva les menus droits, le mufle, la langue, les daintiers et la veine du cœur.

Et veneurs et valets de limiers, penchés sur lui, le regardaient, charmés.

« Ami, dit le maître veneur, ces coutumes sont belles ; en quelle terre les as-tu apprises ? Dis-nous ton pays et ton nom.

— Beau seigneur, on m’appelle Tristan ; et j’appris ces coutumes en mon pays de Loonnois.

— Tristan, dit le veneur, que Dieu récompense le père qui t’éleva si noblement ! Sans doute, il est un baron riche et puissant ? »

Mais Tristan, qui savait bien parler et bien se taire, répondit par ruse :

« Non, seigneur, mon père est un marchand. J’ai quitté secrètement sa maison sur une nef qui partait pour trafiquer au loin, car je voulais apprendre comment se