Page:Le Roman de Tristan et Iseut, renouvelé par J. Bédier.djvu/44

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

trouva Tristan, et, montrant au roi l’escarboucle jadis donnée par lui à Blanchefleur comme un cher présent nuptial, lui dit :

« Roi Marc, celui-ci est Tristan de Loonnois, votre neveu, fils de votre sœur Blanchefleur et du roi Rivalen. Le duc Morgan tient sa terre à grand tort ; il est temps qu’elle fasse retour au droit héritier. »

Et je dirai brièvement comment Tristan, ayant reçu de son oncle les armes de chevalier, franchit la mer sur les nefs de Cornouailles, se fit reconnaître des anciens vassaux de son père, défia le meurtrier de Rivalen, l’occit et recouvra sa terre.

Puis il songea que le roi Marc ne pouvait plus vivre heureusement sans lui, et, comme la noblesse de son cœur lui révélait toujours le parti le plus sage, il manda ses comtes et ses barons, et leur parla ainsi :

« Seigneurs de Loonnois, j’ai reconquis ce pays et j’ai vengé le roi Rivalen par l’aide de Dieu et par votre aide. Ainsi j’ai rendu à mon père son droit. Mais deux hommes, Rohalt, et le roi Marc de Cor-