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MÉTEMPSYCOSES




Sous les eaux, à cinq brasses profondes, ton père est couché :
Ses os en corail sont changés ;
En perles est changé ce qui était ses yeux
Rien de lui ne peut s’anéantir,
Mais tout subira sa métamorphose
En quelque chose de riche et de merveilleux.

(La chanson d’Ariel.)


Si l’esprit ne meurt pas, mais retourne à l’esprit,
          Si les flots de la mort profonde,
En roulant dans leur sein ceux que la mort surprit,
          Les emportent au fond d’un monde

Où tout se fait plus beau, plus riche et merveilleux ;
          Maître, puisque ainsi rien n’arrête
La course de notre âme ou du vent dans les cieux,
          Qu’es-tu maintenant, ô poëte ?

Toi qui créais, peux-tu continuer ailleurs
          Tes créations commencées ?
Sur une étoile d’or, verses-tu dans les fleurs,
          Pour les enflammer, tes pensées ?