Page:Leblanc - Les Confidences d’Arsène Lupin.djvu/85

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blement, où le soleil, caché par des obstacles différents de ceux d’aujourd’hui, n’éclairait plus le jardin de Passy. Or tout cela, le cadran solaire en était le symbole même. Et c’est pourquoi, tout de suite, je sus où il fallait chercher.

— Mais l’heure de la recherche, comme l’avez-vous établie ?

— Tout simplement d’après les tableaux. Un homme vivant à cette époque, comme Charles d’Ernemont, eût inscrit 26 germinal an II, ou bien 15 avril 1794, mais non 15 avril an II. Je suis stupéfait que personne n’y ait songé.

— Le chiffre 2 signifiait donc deux heures ?

— Évidemment. Et voici ce qui dut se passer. Le fermier général commença par convertir sa fortune en bonnes espèces d’or et d’argent. Puis, par surcroît de précaution, avec cet or et cet argent, il acheta dix-huit diamants merveilleux. Surpris par l’arrivée de la patrouille, il s’enfuit dans le jardin. Où cacher les diamants ? Le hasard fit que ses yeux tombèrent sur le cadran. Il était deux heures. L’ombre de la flèche suivait alors la cassure du marbre. Il obéit à ce signe de l’ombre, enfonça dans la poussière les dix-huit diamants, et revint se livrer aux soldats.

— Mais l’ombre de la flèche se rencontre tous les jours à deux heures avec la cassure du marbre, et non pas seulement le 15 avril.

— Vous oubliez, mon cher ami, qu’il s’agit d’un fou et que, lui, n’a retenu que cette date, le 15 avril.

— Soit, mais vous, du moment que vous aviez déchiffré l’énigme, il vous était facile, depuis un an, de vous introduire dans l’enclos, et de dérober les diamants.